Musée Réattu

Peinture (Beaux-Arts), Dessin (Beaux-Arts), Sculpture (Beaux-Arts), Art Contemporain (Art Contemporain / Art Moderne)

Ancien Grand-Prieuré de Malte, musée des beaux-arts et d'art contemporain de la ville d'Arles. Construit à la fin du XVème dans un tête-à-tête magique avec le Rhône, le Grand-Prieuré de l’Ordre de Malte doit sa destinée à Jacques Réattu (1760-1833), peintre arlésien et Grand Prix de Rome, qui en fit sa maison, son atelier et le laboratoire de ses rêves. Devenu musée en 1868, l'édifice conserve toute son œuvre et sa collection personnelle, dont un extraordinaire portrait de Simon Vouet. Ouvert à la photographie dès les années 60 (6000 œuvres aujourd’hui), enrichi par des dons d’exception (Picasso, avec 57 dessins, 2 affiches, 3 gravures et 2 peintures, 15 œuvres d’Alechinsky…), très sensible à la sculpture (Germaine Richier, Toni Grand…), le musée a créé en 2008 une chambre d’écoute dédiée à l’art sonore. Véritable lieu de confluences, pratiquant la commande aux artistes et le mélange des disciplines, le musée propose expositions thématiques et accrochages renouvelés pour découvrir l'art autrement.


Musée Réattu 10 rue du Grand Prieuré
13200 Arles

04 90 49 37 58


Ouvert du mardi au dimanche : du 2 novembre au 28 février : 10h-17h et du 1er mars au 31 octobre : 10h-18h. Fermé le lundi, les 1er janvier, 1er mai, 1er novembre et 25 décembre. Le musée, sur 3 niveaux, comporte de nombreux escaliers qui peuvent rendre difficile la visite pour les personnes à mobilité réduite.


Entrée : 8 €  
Tarif réduit : 6 €
Gratuit : Moins de 18 ans, tous les 1er dimanche du mois et pour les Arlésiens sur justificatif


  • Musée de France
  • Visite guidée
  • Boutique / Librairie

Expos temporaires

ALFRED LATOUR, REGARD SUR LA FORME Dialogue entre les arts (dessins, photographies et textiles)

Du 27/04/2024 au 06/10/2024
ALFRED LATOUR, REGARD SUR LA FORME Dialogue entre les arts (dessins, photographies et textiles)

Si le dialogue entre les textiles et les photographies d’Alfred Latour (1888 – 1964), installé définitivement à Eygalières en 1932, paraît si évident aujourd’hui, tant les liens esthétiques et formels sont visibles, il résulte d’un nouveau regard sur l’œuvre de cet artiste pluriel.

De son vivant Alfred Latour est d’abord connu et reconnu pour son art qui s’exprime dans la pratique de la gravure et le livre illustré, ainsi que la création textile pour de grandes maisons lyonnaises mais aussi la peinture et le dessin. Sa pratique de la photographie n’est en revanche pas revendiquée comme une activité artistique, ni connue du public mais il conçoit l’appareil photographique comme un véritable outil essentiel à sa pratique artistique. Par son regard, il a produit une véritable œuvre photographique découverte en 2016, le musée Réattu contribuant à cette reconnaissance en organisant en 2018 la première exposition personnelle de l’artiste en tant que photographe. Aussi faut-il comprendre et appréhender ces photos par l’œil du peintre qui trouve dans cette technique un moyen de regarder le monde, de saisir des formes qui viendront nourrir son œuvre dessinée, peinte ou destinée à l’industrie textile. L’exposition organisée par le musée Réattu en partenariat avec le musée des Tissus et des Arts Décoratifs de Lyon et la Fondation Alfred Latour de Lausanne propose de poursuivre cette découverte d’un artiste enfin accueilli comme il le mérite à Arles.

LE PARCOURS DE L’EXPOSITION

Le parcours de l’exposition présentant plus d’une centaine d’œuvres, repose sur un dialogue fructueux entre ses pratiques artistiques, montrant comment l’artiste a pu passer d’un médium à l’autre, alimentant son regard et son goût pour les formes et la ligne. L’art d’Alfred Latour est marqué par une grande maîtrise du trait, quels que soient les supports et les médiums qu’il emploie. L’exposition propose une approche thématique à partir des formes qu’il donne à voir entre photographies, dessins, maquettes ou étoffes.

1. VÉGÉTAL / NATURE

La nature demeure depuis toujours la principale source d’inspiration des dessinateurs pour le textile. Les créations d’Alfred Latour s’inscrivent dans une production industrielle qui fait grand usage des formes végétales, même si depuis les années 1900, les motifs naturalistes ont, en partie, laissés place à une stylisation.

L’artiste ne renie pas pour autant sa pratique linéaire et cherche dans la nature, des motifs qui pourront satisfaire son goût pour la forme pure, loin des compositions chargées qui règnent encore dans l’industrie textile. La feuille de figuier, saisie par l’œil du photographe, devient un motif décliné selon des aplats de couleurs, illustrant le processus créatif permettant à l’artiste de puiser dans la nature une source d’inspiration en accord avec son idée du décor.

Dans la nature, comme dans son activité d’artiste, Alfred Latour cherche la pureté des lignes.

2. LIGNES / TRACES

Ses contemporains ont largement souligné comment son activité de graveur et d’illustrateur de livre avait influencé ses créations pour le textile. Avec ses motifs d’une grande linéarité, Alfred Latour satisfait les fabricants qui cherchent à renouveler les motifs des tissus pour le vêtement et l’ameublement.

Ces photographies de détails de différentes matières – l’empreinte des roues dans la boue, les murs de pierres sèches, le tressage de l’osier, les ondulations du sable – montrent comment il s’est constitué un répertoire de formes. En saisissant des traces et des reflets, il en amplifie les contrastes par la photographie en noir et blanc, il transforme des motifs où la ligne prédomine.

3. NOIR & BLANC / COULEUR

Lorsque la revue Art & Décoration consacre en 1932 un article aux tissus imprimés d’Alfred Latour, ses modèles sont comparés à l’effet obtenu par la gravure sur bois et le

découpage des formes, respectant les règles et usages des contrastes de noir et de blanc.

L’auteur ignore que son travail de graveur n’a pas seulement influencé ses créations textiles, mais se diffuse également dans ses photographies où il cherche à saisir des découpages par des jeux d’ombre et de superposition de matière. Cette approche s’inscrit dans une tradition du monochrome dans le textile tel que le pratique Raoul Dufy qu’il vient de remplacer dans la maison lyonnaise Bianchini-Férier.

En devenant un dessinateur pour la soierie, il reprend des formules décoratives qui se déclineront aisément dans l’impression textile en différentes couleurs. Il poursuivra ce travail de passage du noir et blanc vers des coloris dans ses créations pour le fabricant Pierre Aynard, après la Seconde Guerre mondiale.

4. GÉOMÉTRIE / ABSTRACTION

La géométrisation des formes chez Alfred Latour est indissociable de son attirance pour l’abstraction qui se manifeste dans toute sa production artistique. Alors que les dessinateurs en textile restent attachés à l’inspiration florale et à la tradition picturale issue de l’Impressionnisme, y compris après la Seconde Guerre mondiale, Alfred Latour privilégie l’exploration de la ligne qui le conduit vers des formes géométriques et des textiles aux formes abstraites.

On retrouve dans son travail photographique la recherche de la géométrie qu’il saisit dans son environnement immédiat. La roue de charrette devient un cercle avec son faisceau, la meule de foin un triangle, des roues de bicyclettes des cercles concentriques, le treillage du potager un jeu de diagonales, tout est affaire de formes géométriques. Cherchant à exprimer un maximum par la mise en œuvre d’un minimum de moyens, les motifs textiles d’Alfred Latour s’émancipent de leur fonction d’usage pour devenir une œuvre autonome à l’image des Toiles de Fontenay réalisées en 1950.

En cela il participe au mouvement des formes utiles.

Exposition inscrite au Programme Associé des Rencontres d’Arles 2024